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Obéir à mon compagnon

Obéir à mon compagnon

Fini

Introduction
En tant que louve, j'ai toujours imaginé rencontrer mon compagnon lors d'une soirée de danse, ou par hasard dans un café, ou dans un centre commercial ou un cinéma. Mais pas une seule seconde je n'avais apprécié l'idée de rencontrer mon compagnon lors d'une chasse ! Chaque année, il y avait un rassemblement, un festival annuel pour les loups qui n'ont pas encore trouvé leurs compagnons. Les femelles sont déplacées dans des forêts, où les mâles traquent et sécurisent leurs compagnes dans un délai de 2 heures. Tous les loups mâles et femelles non accouplés du monde entier venaient se joindre à ce qu'on appelle le "PLAISIR". La chasse primitive existe depuis des siècles, mais je ne peux pas la détester plus. Jusqu'à ce que mon compagnon Alpha me rencontre dans la forêt...
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Chapitre

En allant du côté de la cuisine, j'ai vu ma mère confortablement installée comme à son habitude. Je l'ai dépassée sans un regard significatif, car elle était en vrai la dernière personne avec laquelle j'avais envie de parler. 

— Riven chérie, je sais ce que tu ressens. Je sais que tu te sens complexée et que tout cela te met mal à l'aise. Cependant, crois-moi, c'est pour ton bien. Surtout, c'est la tradition et nul ne peut y déroger.

En effet, depuis une heure environ, ma famille essayait de me persuader que le rassemblement serait avantageux pour moi ainsi que pour ma louve. C'est toujours fini par la fameuse "tradition" avec eux. Personne ne s'était jamais soucié de ce que je veux ou désire. Il m'était maintes fois arrivé de me demander si cette famille était vraiment ma famille biologique, car j'avais l'impression que personne ne prêtait attention à moi, surtout ma mère.

En vrai, ma mère est une femme exceptionnelle. Sa beauté, au-delà de simples attraits physiques, s'étendait à sa personne intrinsèque, la démarquant de tous. Il faut dire que nous nous ressemblons exagérément elle et moi, ou du moins, que je lui ressemble exagérément. Nos couleurs de cheveux et nos traits de visage sont identiques. La seule différence remarquable entre nous se trouve au niveau de nos couleurs de peau. Tandis que la sienne est pâle, la mienne est caramel.

Je ne sais pas de qui je tiens ce teint si particulier et unique dans la famille. Peut-être serait-ce de ma tante, la sœur jumelle de ma mère ? Encore une question pour laquelle je n'aurai certainement jamais de réponse. À la maison, personne n'aimait parler de ma tante. Toutefois, je l'avais vue sur une vieille photo de famille, ce qui prouvait qu'elle avait bien existé. Cependant, ni mes grands-parents, ni ma mère et encore moins mon père ne la mentionnaient dans quelque discussion que ce soit. Je ne connais même pas son prénom, mais je m'abstiens de montrer ma curiosité.

— Riven chérie, s'il te plaît, a dit encore ma mère. 

Sa douce voix me fit reprendre mes esprits, cette douce voix que je faisais tout mon possible pour éviter. J'aimais énormément cette femme. Je l'aimais plus que tout dans le monde, mais je ne comptais pas me résoudre à lui obéir une fois de plus. Dès qu'elle m'eut parlé, je me retournai vivement et fixai ses yeux bruns ternes avec les miens bleus. 

— Karen franchement, garde ton discours de merde pour quelqu'un que ça intéresse, ai-je crié dans mon cœur.

J'avais envie de lui dire sans vaciller. Mais malheureusement, je ne pouvais pas lui manquer de respect parce qu'elle était la Luna de la meute. Alors que j'étais sur le point de l'envoyer balader, mon père a fait son entrée, vêtu d'un costume. Dès que mes yeux se posaient sur lui, je suis devenue encore plus sombre et voulais instantanément en découdre avec lui :

— Comment as-tu pu papa ? Je suis ta fille unique, alors pourquoi moi ? En quoi est-ce juste ? Ronan n'a pas à subir tout cela, ai-je crié.

Comme je pouvais m'y attendre, mes propos ont enflammé mon père dont les yeux bruns sont déjà remplis de confusion.

— Riven Adams, assez maintenant ! Tout d'abord, surveille tes propos. Nous en avions déjà longuement discuté et la conversation est terminée. J'ai assez supporté ton impolitesse. Au cas où tu l'aurais oublié, tu vis dans ma maison, sous mon toit ! s'est écrié mon père.                                                                      

Il parlait si fort que sa voix remplissait toute la pièce. Cependant, ses cris ne me disaient absolument plus rien. Après les avoir entendus pendant 19 ans, il fallait bien s'y attendre.

À ce stade, je ne voulais plus me faire piétiner. Je voulais me défendre, lui dire toutes ces cruautés que j'avais emmagasinées en moi depuis des lustres. Dans ses regards, j'ai vu qu'il était à un doigt d'utiliser sa domination d'Alpha sur moi. J'ai reniflé dans l'agacement et puis quitté la maison pour aller dans la forêt afin de me défouler. Je n'ai qu'une seule meilleure amie, et c'est ma louve. Elle s'appelle Rhea. Elle est très rare et se démarque facilement des autres loups de la meute. En réalité, notre fourrure est bleue marine, chose surprenante puisque le loup de mon père est noir foncé et que la louve de ma mère est brune dorée. Depuis ma naissance, je n'ai jamais vu un autre loup ayant la même couleur de fourrure que ma louve. Plus encore, au-delà de cette couleur de fourrure qui rend Rhea si particulière, sa taille est également source de stupéfactions. Elle est en effet très grande, pouvant de ce fait défier n'importe quel mâle Alpha. Rhea est même plus grande que le loup de mon père. C'est la principale raison pour laquelle je ne me transforme pas devant les gens. Personne n'a jamais vu ma louve et je pense que c'est mieux ainsi. Ma famille me traite déjà assez mal pour que je veuille encore me mettre d'autres personnes à dos.

Rhea et moi avons un point commun : nous aimons courir. Sentir le vent contre notre fourrure quand je me transforme me fait un bien fou. Aussi, dès que nos pattes entrent en contact avec le sol de la forêt, plus rien n'a d'importance. Avec cette grande colère qui m'animait, je voulais me sentir le plus loin possible de mes parents, de ma maison. Pour cela, sous la forme de Rhea, j'ai couru et étais allé loin, très loin dans la forêt. Comment pouvaient-ils me faire une chose pareille ? Je suis la fille d'un Alpha ! Pour l'amour de Dieu, il devrait y avoir un moyen de s'en sortir.

S'il y a une chose que je déteste le plus, c'est être chassée. Je suis consciente que nous sommes des animaux, mais nous avons aussi une partie humaine. Comment accepter donc être traités comme de vulgaires chiens sauvages ? Le rassemblement est un festival annuel réunissant les loups non accouplés. Chaque année, son organisation revient à une meute choisie à l’unanimité. Cette année, cette responsabilité incombe à ma famille, notre meute, ce qui signifie que tous les loups mâles comme femelles non accouplés du monde entier viendront sur place se joindre à ce qu'ils appellent "plaisir".

Ce rassemblement dure environ 3 jours. Le premier jour est consacré à l'accueil et à l'installation. Ce jour-là, les mâles et les femelles sont séparés et placés dans des cabanes en fonction de leurs rangs. C'est d'ailleurs cela qui rend les choses encore plus palpitantes.

Le deuxième jour, le jour que je crains le plus, c'est le jour de la chasse. Rien qu'à y penser, j'ai envie de gerber. Ce fameux jour, les femelles sont retirées de leurs cabines tôt le matin et sont placées dans un endroit tenu secret. Les mâles auront la possibilité de renifler les cabines pour voir si leur compagne est présente. Si ce n'est pas le cas, ils seront renvoyés chez eux. Mais s'ils préfèrent, ils pourront revenir l'année suivante ou décider de rester solitaires, ou de prendre une compagne désignée. Le lien avec cette dernière n'est pas assez fort qu'avec la vraie compagne, mais n'est pas négligeable non plus.

Cette étape passée, les femelles sont déplacées vers les forêts où la chasse réelle a lieu une fois que tout est en place. Là, chaque mâle aura deux heures pour traquer et sécuriser sa compagne. En cas d'échec, il devra revenir l'année suivante. En vrai, l'idée d'être chassée me fait froid dans le dos. Il arrive même souvent que des mâles marquent leurs femelles sur place, avec ou sans leur consentement. Rien qu'à y penser, j'ai les larmes qui me montent aux yeux. La nuit tombée, une soirée est organisée autour du feu pour les mâles nouvellement accouplés. Le troisième jour quant à lui est strictement réservé aux loups de hauts rangs. Une cérémonie est alors organisée pour que tout le monde sache qui seront les nouveaux chefs. Après cette cérémonie, tous sont conviés à un dîner au cours duquel les anciens donnent leurs bénédictions aux désireux. C'est également le moment auquel les chefs signent des traités et s'allient à volonté à d'autres meutes. Ce n'est qu'après cela que chaque mâle est autorisé à rentrer chez lui avec sa femelle.