Noyée dans un beau rêve, j'entends quelqu'un frapper bruyamment à ma porte. "Stella !" C'est Debra, ma demi-sœur, qui crie, frappant plusieurs fois la porte en bois de ma chambre. "Stella, réveille-toi ! Tu dois repasser mes vêtements ! Je serai en retard à l'école !"
Tout en bâillant, je prends le temps de m'étirer longuement avant de poser mon pied sur le sol et de me diriger lentement vers la porte. Lorsque je l'ouvre, Je suis accueillie par le visage renfrogné et les sourcils froncés de Debra.
"Qu'est-ce qui t'a pris si longtemps pour ouvrir ta porte ! Ne m'as-tu pas entendue ?" hurle-t-elle, l'index pointé sur mon front.
Alors que je repousse sa main, elle halète. "Maman !" crie-t-elle pour appeler Tante Lucy. "T'es morte, s*lope !" dit-elle le sourire aux lèvres, avant d'appeler à nouveau ma belle-mère. "Maman !"
"Debra, quel est ton problème ? Pourquoi cries-tu à cinq heures du matin ! Tout le monde dort encore !" répond Tante Lucy en hurlant, avec irritation. Les yeux, à moitié ouverts et avec ses cheveux en désordre, elle a de la salive à moitié sèche qui s'étend du coin de ses lèvres jusqu'à son menton. Dégueulasse !
"C'est Stella ! Elle m'a frappée !" dit Debra d'un ton dramatique. Incrédule, j'écarquille aussitôt mes yeux.
"Debra, ce n'est pas vrai !" lui dis-je. Mais Tante Lucy m'attaque déjà en me tirant si fort par les cheveux et je grimace de douleur. "Tatie, ce n'est pas vrai. C'est elle qui..."
"Tais-toi ! Es-tu en train de me dire que ma fille ment ! Tu n'as pas le droit de faire du mal à ma princesse, tu m'entends ?" dit-elle en me giflant puis en serrant fortement mes cheveux. Cependant je suis restée silencieuse. "Est-ce que tu me comprends ?" demande-t-elle à nouveau et je finis par hocher la tête.
"Bien. Maintenant, va repasser mes vêtements ! Dépêche-toi !" Debra sourit en s'appuyant sur le chambranle, les bras croisés sur sa poitrine.
Je me précipite dans sa chambre et me mets à repasser ses vêtements à toute vitesse quand je constate que ma chatte m'a suivie et je murmure en regardant Debra prendre sa serviette et entrer dans sa salle de bain : "Luna, retourne dans ma chambre. Si Debra te voit, elle est capable de te faire du mal à nouveau."
Comme si Luna m'a comprise, elle fait demi-tour et retourne dans ma chambre.
Ayant fini de repasser les vêtements de Debra, je les accroche devant son armoire. Alors que je suis sur le point d'aller me préparer pour l'école, Debra sort de la salle de bains et me barre le passage, m'empêchant ainsi de m'en aller.
"Oh-oh ! Pas si vite, ma chère Stella", dit-elle, en retirant la serviette enroulée autour de son corps.
Baissant les yeux, je ne peux m'empêcher d'être jalouse de sa peau impeccable. Une peau aussi blanche que la neige et aussi douce que la soie de Naples alors que la mienne est couverte de bleus. Considérant la sensation de piqûre que je ressens, ma joue que Tatie a giflée tout à l'heure est probablement rouge vif contrastant ainsi avec mon teint crémeux.
"Nettoie mes chaussures et ensuite, tu pourras partir", dit Debra en se mettant de la lotion Dior sur tout le corps, me faisant ainsi respirer son doux parfum. "Plus vite, Stella ! Je ne veux pas être en retard à l'école !"
J'exécute ses ordres, car protester pourrait me créer des ennuies.
Après avoir terminé tout ce qu'elle m'a commandé, je retourne dans ma chambre. Je prends rapidement une douche, j'enfile mon débardeur et mon pantalon jean, ainsi qu'un cardigan noir pour couvrir les bleus sur mes bras.
Mis à part les bleus sur mon corps, je suis vraiment une jolie fille. Mais je ne me soucie absolument pas de mon apparence, qui ne m'attire que la jalousie et la haine de Debra.
Pour atténuer tout ça, je suis obligée de me déguiser pour aller à l'école. J'attache mes beaux cheveux roux naturels avec un élastique et je mets une perruque noire bouclée. Je peins aussi quelques taches de rousseur sur mon visage impeccable. Mes lunettes rondes couvrent légèrement mes yeux vert forêt. Et une chemise ample m'aide à cacher les courbes de mon corps.
Lorsque je me regarde dans le miroir, mon image correspond parfaitement à la représentation exacte d'un nerd dans l'esprit des gens. Je me sens en sécurité ainsi.
Luna est toujours allongée sur mon lit et me regarde. Je lui souris et je la porte en descendant les escaliers pour prendre mon petit-déjeuner, mais à mon grand désarroi, il ne reste plus rien pour moi.
"Stella, fais la vaisselle avant d'aller à l'école. Je suis déjà en retard pour le travail", me dit Tatie avant de sortir de la cuisine et de quitter la maison en vitesse.
Je pousse un long soupir et me dirige vers le plan de travail. Je tends la main vers l'étagère supérieure pour prendre la nourriture pour chat de Luna. Je lui sers une part de sa nourriture ainsi qu'un bol d'eau avant de sortir de la maison.
Je cours à toute vitesse. Mon cœur bat si fort que je sens ma peau froide comme la glace et la sueur qui coule le long de ma colonne vertébrale. Je sens ma perruque bouger, je m'arrête alors, pour la fixer et reprendre mon souffle un moment.
Il est hors de question que je rate le bus. J'ai une interrogation importante sur ma matière principale aujourd'hui, les mathématiques. C'est notre dernière année de lycée et mon objectif est d'obtenir de bonnes notes dans toutes mes matières, afin de pouvoir postuler au programme de bourses universitaires de l'Illinois. C'est difficile de n'avoir personne pour me soutenir financièrement et cette bourse est mon seul espoir d'entrer à l'université.
J'essuie la sueur de mon front puis je regarde l'heure à ma montre. Oh non ! Je recommence à courir vers l'arrêt de bus quand j'entends un grand coup de klaxon derrière moi. Je me retourne, c'est Debra.
Debra est ma demi-sœur. Quand maman est morte, mon père s'est remarié avec tante Lucy et cette dernière a donné naissance à Debra un an plus tard. Tout était bien et parfait quand nous étions plus jeunes. Nous étions les meilleures amies du monde et nous nous aimions tellement que personne ne pouvait nous séparer. Mais tout a changé quand papa est mort d'une crise cardiaque.
Elle rit aux éclats et son petit ami Dave au volant de la voiture me fait un sourire en baissant la vitre. "Cours plus vite, Stella !" me crie Debra. Son rire strident résonne dans l'air. Elle a encore le culot de se moquer de moi alors qu'elle est la raison pour laquelle je me dépêche en ce moment.
Je suis arrivée pile au même moment que le bus à la gare routière. Soulagée, j'entre dans le bus et je m'assieds à ma place habituelle à l'arrière du bus.
Mon cœur fait un bond lorsque je sors du bus scolaire, car je vois une voiture familière tourner autour du trottoir, en direction de l'entrée principale de l'école. Une BMW noire décapotable avec la plaque d'immatriculation 17-ABS. Oui, je connais son numéro de plaque, parce qu'il correspond à son âge et à une partie de son corps que je suis incapable d'oublier, même dans mes rêves.
Je m'arrête au bord de la route, attendant que sa voiture passe. Et à la seconde où il passe à côté de moi, il me fait son fameux sourire en coin. Un sourire qui signifie : "Je vais ruiner toute ta journée."